Élèves, collègues rendent hommage à un ancien professeur de français après sa mort
November 3, 2018
Les lycéens se souviennent que Madame Gathy trouvait toujours des moyens de mettre ses étudiants à l’aise, soit en faisant de petits exercices comme des jeux de Pictionary, soit en imprimant toutes ses feuilles de travail et tous ses examens dans la police de caractère Comic Sans, ou même en faisant passer son “micro” pendant les exercices oraux.
Ses collègues se souviennent qu’elle avait une gentillesse sans limite et une organisation sans faille, et qu’elle préparait des dossiers de notes détaillées pour tous ses étudiants.
Son mari se souvient que, en plus de se tenir courant de l’actualité en lisant les nouvelles, elle était aussi imbattable sur les commérages des vedettes hollywoodiennes, y compris les noms, les dates et les endroits.
“Son message le plus important est d’aimer ce qu’on fait et d’aimer les jeunes et de s’épanouir à travers son travail,” a dit Galina Tchourilova, une collègue de Gathy et professeur de français au lycée.
Antoinette Gathy, l’ancien professeur de français qui a travaillé au lycée pendant dix-sept ans, est décédée à l’âge de 61 après quelques semaines d’hospitalisation.
Gathy, que la plupart des étudiants appelaient simplement “Madame,” a enseigné tous les niveaux de français et consacrait une bonne partie de sa vie à son métier.
Sa passion pour l’enseignement créait un environnement dans la salle de classe où ses étudiants se sentaient à l’aise pendant qu’ils apprenaient à parler la langue française et à explorer la culture française. La communauté du lycée se souviendra de la gentillesse de Gathy, ainsi que de sa confiance en elle et surtout de son amour pour l’enseignement.
“Elle a aidé beaucoup d’étudiants comme moi à apprendre à apprécier le français,” a dit Amla Rashingkar (11), une ancienne élève de Gathy. “Je me souviens qu’elle m’a dit que ce n’est pas nécessaire d’être le meilleur dans tout ce qu’on fait, mais qu’il faut seulement faire ce qui est le mieux pour soi.”
Une caractéristique des cours de Gathy à laquelle beaucoup de ses étudiants continuent de faire référence et qui faisait preuve de son art d’enseigner était ses “Notes du prof,” qui incluaient des explications très détaillées des règles grammaticales françaises. Accompagnées par des schémas et des graphiques, ces “Notes du prof” aidaient les étudiants à comprendre même les règles les plus difficiles.
“Comme elle a laissé tous les fichiers sur son ordinateur, nous espérons pouvoir en faire profiter d’autres apprenants. Je ne suis pas sûre qu’on puisse les publier, mais nous souhaitons au moins en faire bénéficier les élèves de Harker,” a dit Tchourilova. “Je pense que ce sera une sorte de remerciement, car nous ne voulons pas que cette connaissance—cette expertise, même—disparaisse.”
Gathy a grandi en Belgique, avec le français comme langue maternelle. Elle a déménagé en Californie dans les années 80, après que ses parents et sa soeur ont immigré aux États-Unis quelques années plutôt. Elle a commencé à enseigner quand elle avait une vingtaine d’années et a travaillé dans une école dans la banlieue de Bruxelles pendant vingt ans.
Quand elle est arrivée aux États-Unis, Gathy a donné des cours particuliers de français aux adultes et aux enfants chez elle.
Elle a été embauchée à Harker en 2000, et elle a enseigné au collège pendant trois ans avant de partir au lycée, où elle avait des élèves de plusieurs niveaux. Là-bas, elle s’est efforcée d’intégrer des méthodes pédagogiques efficaces et stimulantes à ses leçons. En racontant, soit des histoires sur l’origine des mots français, soit des anecdotes amusantes sur les fautes de langage, Gathy captivait ses élèves tout en s’assurant qu’ils aient compris la leçon.
Elle a pris sa retraite en juin 2017, bien qu’elle ait continué à enseigner en faisant des remplacements au collège et au lycée.
“Elle avait une façon de retenir votre attention de manière subtile et frappante en même temps,” dit Timothy Wang (12), un ancien élève de Gathy. “Chaque fois qu’on quittait sa salle de classe, on se sentait heureux et on se réjouissait à l’idée du prochain cours. On avait l’impression d’avoir appris quelque chose.”
Gathy n’a pas seulement consacré sa carrière à l’enseignement, mais elle a aussi fait tout son possible pour parfaire sa propre méthode pédagogique qui aide chaque élève à acquérir une compréhension riche de la langue française.
Elle croyait qu’il était important de corriger chaque devoir et de donner du feedback à chaque élève, et elle était aussi convaincue que les questions à choix multiples n’étaient pas suffisantes pour évaluer les connaissances des élèves, préférant créer ses propres évaluations.
“Je l’ai toujours admirée pour son dévouement incroyable envers ses élèves,” a dit Francis Rubinstein, le mari de Gathy. “Elle n’a pas choisi le chemin le plus facile, mais a créé celui qui était le meilleur pour ses élèves et qui lui a permis d’enseigner le mieux possible.”
Bien qu’elle ait enduré de graves soucis de santé pendant les trois dernières années de sa vie, Gathy a persévéré et a continué à donner des cours à ses élèves, même après avoir perdu son audition.
“La combinaison de son dévouement et de la volonté des étudiants d’utiliser un microphone, ça lui a permis de continuer à enseigner plus longtemps qu’elle n’aurait pu le faire autrement,” a dit Rubinstein. “Je suis tellement content qu’elle ait eu la chance de continuer à enseigner, car c’était vraiment sa passion.”
En dehors de l’enseignement, Gathy était une sympathisante de divers mouvements sociaux, dont le Trotskysme dans les années 70, et elle défendait ses convictions avec une ténacité compatissante, un trait que beaucoup de ses élèves et collègues avaient remarqué.
“Elle avait des points de vue très arrêtées, et elle ne faisait jamais de compromis,” a dit Tchourilova. “Elle disait ce qu’elle avait à dire, sans offenser personne. Et je pense que c’était un mélange exceptionnel. Je souhaite qu’il y ait plus de personnes comme ça.”
Gathy est toujours restée “une enseignante pure souche,” comme l’a décrit Rubinstein, même après son hospitalisation en septembre. Pendant qu’elle se remettait d’une opération, les docteurs lui ont demandé de répondre à une série de questions pour un examen cognitif. Comme Gathy n’avait pas son appareil auditif à ce moment-là, sa soeur, Laurence, a écrit les questions en français, dont une était, “Quelle mois sommes-nous?”
Mais Laurence a fait une faute d’orthographe, et sa soeur la lui a fait remarquer et s’est refusée à répondre à la question avant que Laurence ne corrige son erreur.
“Nous riions car nous savions évidemment que ses fonctions cognitives étaient toujours intactes,” a dit Rubinstein. “Même pendant qu’elle récupérait après une attaque, c’était toujours un professeur.”
Tous les membres du lycée étaient invités à assister à une commémoration de la vie de Gathy à la maison de Laurence à Felton le six octobre dernier.
Gathy a eu un grand impact sur la communauté de Harker et elle a beaucoup touché ses collègues comme ses élèves.
“Madame a vraiment laissé son empreinte sur nous tous, une empreinte indélébile que je ne peux pas décrire,” a dit Timothy. “C’était un professeur inoubliable, et je crois que ce que je veux lui dire, c’est, ‘Merci, madame, pour tout ce que vous avez fait pour nous ; et c’était un honneur d’être votre élève.’”
Elle laisse derrière elle son mari, sa soeur, ses neveux et nièces.
Cet article a été initialement publié dans le Winged Post le 17 octobre.